Col de Chanrossa et Col du Fruit

Jeudi 26 juillet, 7h30

Au petit matin, le constat est difficile. La nuit n'a pas été aussi sereine que le cadre enchanteur le promettait. Les coups de soleil ont rendu mes premières heures de sommeil impossible, et ma cheville a, comme d'hab', du mal à démarrer. Mais les petits bobos sont vite estompés par le paysage qui nous réveille. Les nuages sont restés à hier, et le bleu du ciel se superpose au vert des vallées, dans une harmonie qui n'a d'égale que l'élégance de ces grandes dames de pierre au réveil. L'aiguille du Fruit trône, et peut-etre ses plus vifs sommets sentent-ils encore un peu de la légère fraicheur de cette matinée d'été. Ici le soleil tape déja. Pantalon de rigueur!

Renaud est à son thé, je tourne un peu autour de la fontaine pour remplir quelques bouteilles et surtout détendre les muscles qui ont du mal à se faire aux lendemains d'efforts conséquents. Le temps de prendre le plus poliment possible congé de nos "collègues", et nous reprenons la route. Montée depuis le refuge vers le Roc Merlet, par son Pas, et son contournement pour rejoindre le Col de la Platta (2408 m.), d'où part le Col de Chanrossa, première difficulté de la journée.



Le Col de Chanrossa est à la limite en le Parc National qui nous abritait jusqu'à présent. De l'autre coté de la limite? Les remontées mécaniques et le parc skiable de Courchevel et Méribel. La montée vers ce premier col de la journée est assez ingrate, c'est une piste de ski en zig-zag, empruntée par les 4x4 d'entretien de la station, qui nous mène à vive allure (bien plus vive en descente, surement). Le soleil tape. Pas de sentiment, si ce n'est un regard de temps en temps vers le Massif du Mont-Blanc qui joue avec l'horizon, on "torche" les 140 mètres de dénivelé de montée en une demi-heure.

Là-haut, Renaud trouve abri sous l'arrivée du télé-siège de Chanrossa. Petite pose qui va bien, mais la descente du Chanrossa, à nouveau par une piste de ski, s'annonce aussi passionnante que sa montée. On trace. 350 mètres de dénivelé très rapide, sur un rythme très vif.

Cette descente du Chanrossa marque aussi la fin de notre tour complet de l'Aiguille du Fruit au pied de laquelle nous serons en haut du col face à nous, le Col du Fruit.


Pause rapide et introspective sur le haut des Creux (2193 m.), au pied de la montée vers le Col du Fruit. La journée n'est pas à la rigolade. L'heure et demi qui précède nous a donné un bon aperçu de la chose, et le rythme de furieux que nous nous imposons, aussi bien l'un que l'autre, ne nous laisse pas plus de répit que le soleil omnipotent sur ces versants trop élevés pour les arbres. Nous reprenons rapidement notre route. Le début de montée vers le Plan du Lac des Creux est agréable, la pause a fait du bien et le petit ruisseau que nous suivons dans cette partie, pourtant la plus dure en pourcentage, chante une ritournelle qui apaise.

Pas plus de poésie que ça. On monte. On trace. On grimpe. On y va. On avance. On détale. On prend de la hauteur... Non, pas de poésie! On bourrine! On met 3/4 d'heure au temps annoncé en bas de Chanrossa pour atteindre le haut du Fruit.


Dernier regard ému sur la montagne démente, avec l'Aiguille qui approche alors que se referme cette superbe vallée sauvage qui a su si délicieusement nous accueillir.


L'arrivée au Col du Fruit (2516 m.) entre la Pointe Emilienne...

... et l'Arête de la Saulire, par laquelle ils arrivent, marque aussi le retour des promeneurs. Dur retour à la réalité avant une descente que l'on sait du batteur qu'elle sera difficile. Une pause sérieuse s'impose, mais l'intimité à laquelle la montagne nous avait habitué depuis près de 24 heures est battue en brêche par les dizaines de promeneurs qui déboulent, tout à leur joie de s'engouffrer à fond la caisse dans la descente, et qui passent à coté de nous qui trainont nos huit cent mètres de dénivelé dans les jambes pour la seule matinée... Dur! Dur retour à la civilisation. Une pause quand même, mais puisque cette descente s'annonce furieuse, que la visite guidée du coin se poursuit et qu'on doit assez bien jouer le rôle du randonneur typique, mieux vaut tracer avant qu'ils nous lancent un kit-kat... On en a plein, bande de schkrutchs!

2 commentaires:

Denis a dit…

C'est ouik, les schkrutch ?

DK 360 a dit…

C'est les schmocks! les schnitzel! les schkrongneugneu si tu veux! Bon, les marcheurs qui nous scrutent comme si on faisait pour eux l'animation "Randonneurs"! La sociale quoi!

;o)