Destination

Quelques jours auparavant...

- Bon, on va où?
- J'sais pas moi!
- T'as pas une p'tite idée d'un coin sympa où l'on pourrait se balader, se baquer, se faire des squats sympas entre deux arbres? Entre-aygues?
- Bah...
- Le Jura? Le Tarn? C'était sympa l'aperçu de Vercors il y a deux ans...
- La Vanoise?
- Ah oui? Pourquoi pas... C'est où, ça?


C'est vrai, je ne savais pas grand chose de la Vanoise, si ce n'est quelques souvenirs après un séjour de classe de neige en CM2, avec Sylvie Olive, Julien, Emeline, Marie, Yahyah et les autres. Il ne me restait guère que ce nom, la Vanoise, le fait qu'il existe une différence évidente entre les mélèzes et les épicéas, de n'y avoir pas brillé par mon niveau de ski, et l'excitation d'un jeu au trésor dans le village superbement typique de Peisey-Nancroix.

A part ça, la Vanoise? Pour ceux et celles qui, comme moi, n'avaient aucune idée précise d'où cela se situe, il faut aller scruter du coté de la frontière italienne pour y trouver entre Grenoble et Turin le Parc National de la Vanoise.


C'est du fait de l'apparition des armes à feu, et avec elles une très sérieuse menace pour la présence du bouquetin dans les sommets alpins du Nord-Ouest du pays, que Victor Emmanuel II, roi de Sardaigne, décide de créer, en 1856, la réserve royale du Grand Paradis, agrandie en 1922 en Parc National. Il faudra attendre plus d'un siècle pour que la France crée à son tour un Parc National dans le massif de la Vanoise, en 1963. Depuis 1972, les deux parcs sont jumelés.

Trois grands accès depuis la France, Modane par le Sud, Bourg-Saint-Maurice par le Nord et Moûtiers par l'Ouest.


Quelques clics sur le net, quelque chose qui pourrait ressembler au bonheur du marcheur solitaire, assoiffé de chemins libres et perdus... et un petit coin se dessine, un topo alléchant, gentiment costaud, deux jours pour tourner autour de l'Aiguille du Fruit, dans la Vallée de Méribel.

Dans la Vanoise, il y a les Trois-Vallées. Celle de Méribel est l'une des trois, la plus à l'Ouest. Suivent vers l'Est celle de Courchevel et celle de Pra-Lognan.


La "notre" nous fera donc monter depuis Moûtiers sur Méribel-Mottaret par Digne-les-Bains, Les Allues, le Raffort, Méribel-village.

Très bon choix! Lyon est sur notre chemin pour une escale à l'aller, et nous serons du bon coté du Rhône pour rejoindre la Drôme en fin de parcours.

En route pour l'Aiguille du Fruit!

Transit nach Natür

Dimanche 22 juillet, 12h05

Je rejoins Renaud à la Gare de Nemours, point de départ routier de notre périple vers le Sud. Dépassés les bouchons parisiens, de là-bas, on est déja un peu lancés. Le temps de se détendre encore un peu, de vérifier que tout est bien en place, matos de camping à charger, bouteilles d'eau fraiche pour la route, sévère réserve de Kit-Kat pour les pauses, le poste à l'arrière du C15 est prêt à nous envoyer du Lee Scratch Perry, "sunshine in da summer".

Dernière petite touche à coté de laquelle mon conducteur ne saurait passer...

On trace sur Lyon. Pas le temps de tergivercer, rien de bien agréable à descendre le long de ces déversoirs à touristes sans imagination, pressés aussi en vacances. Juste remarquer quelques jolies demeures le long de notre trajet, et de nous projeter le jour où les murs de ces batisses chargées d'histoire ont eu vent de cette drôle d'histoire, un immense conduit à conduits s'apprêtait à venir chatouiller leurs fondations et engazoiler leur horizon. Quel choc!

Lugdunum Nox

Dimanche 22 juillet, 21h

Arrivée sur la Capitale des Gaules, passage sous Fourvière sans encombre, le point rouge routier français n'est plus à la hauteur de sa réputation persistante. Le temps de comprendre que la Saône et le Rhône sont deux fleuves différents, que notre itinéraire Mappy est assez difficile à suivre, et que Raphaël a déja appelé six fois, il faut nous rendre à l'évidence: il est tard et on est un brin perdus!

La technologie GSM à la rescousse, le C15 finit par emprunter le pont sur lequel se trouve Raph'. On charge le passager clandestin dans la soute et on monte à la Croix-Rousse, notre premier "refuge" est en haut de la butte. Nuit conviviale et lyonnaise...

...chez notre hôte et néanmoins ami, Raph alias Traitror pour les intimes, alias Kech pour d'autres intimes encore (souvent les mêmes), alias John Mac Beuschwo pour un intime (même si ce surnom prête à débat), alias le pan-germaniste le plus sarkoziste d'entre nous depuis peu...

Ici en affaire avec quelques patates, quel cordon brun... euh! bleu

... et sa douce Elizabeth, de garde cette nuit, qui nous rejoindra demain.

Matinée lyonnaise

Lundi 23 juillet, 8h

Petit matin agité. Le vent déchiquette peu à peu les stores des fenêtres de l'appart' de notre hôte. Le jour entre à mesure que la taille du store raccourcit. Debout illico, réveil en fanfare, il faut tenter de sauver ce qui peut encore l'être, alors que le store de la quatrième fenêtre vient de s'envoler totalement pour atterrir plus loin dans la rue. Effet comique assuré en regardant les bouts de stores éparpillés dans la rue. Ca plairait à Julien ça.

La matinée est touristique, entre parisiens, emmenés par notre médecin immigré à Lyon et qui y semble très bien acclimaté. Ca descend vers le centre, ça descend et ça descend encore. Une traboule s'ouvre et qu'il est tout naturel de s'y engouffrer. On suit notre guide, et un groupe de touristes russes très souriantes jusqu'à leurs jupettes - ou bien est-ce elles qui nous suivent? Le temps d'un petit-déjeuner, on y verra plus clair. On trace les rues gônes, tout petit échauffement citadin mine de rien. Et le charme de notre balade lyonnaise l'emporte. Tranquille.



Agréable visite d'une ville où notre ami vit heureux avec sa belle. Voila bien l'essentiel! A part peut-être que, pour cette dernière, la physionomie de cette ville escarpée, où le pentu se prolonge jusqu'aux cinq étages à monter à pied pour atteindre leur appartement, n'est pas forcément la plus appropriée pour les neuf, huit, sept, six prochains mois, les mois les plus intrasèquement féminins de la vie d'une femme, et le petit Junior qu'elle porte avec son élégance et sa force.

D'ailleurs, il est bien parti pour naître à Paris, et c'est très bien car Paris Is Magic!

Lyon a même un quartier aux accents plaisants d'insoumis.



Seule malheureuse ombre au tableau, l'énorme voiture allemande du président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, dont il convient de rappeler le parallèle entre sa prise d'influence au sein de la Ligue et les 3 ou 4 (*) titres consécutifs de son club de football... Bref le monstre à quatre roues de ce président, bien représentatif de ce que peuvent être les présidents, a failli renverser Renaud, aux réflexes assez miraculeusement prodigieux pour éviter la fourberie criminelle de ce chauffard patenté.

Nous n'avions plus qu'à trinquer avec l'imaginaire.


Avant de redevenir sérieux. Elizabeth rentre de garde à Bourg-en-Bresse vers 11h30, il nous faut remonter, des escaliers et des escaliers encore. C'est aussi ça, Lyon. Déjeuner "en famille", suite de la découverte de la gastronomie lyonnaise: après le saucisson à la lyonnaise d'hier soir, ce midi c'est la Qu'nelle, spécialité du coin, baignée dans sa sauce Nantua.

Un peu de digestion. Sans vergogne, ni Renaud ni moi ne culpabilisons un instant de notre insouciance de vacanciers, alors qu'Elizabeth, qui enchaine les heures de garde à l'hôpital sans compter, se love, très love, dans le sommeil des justes.

Nous les laissons dans le calme et nous reprenons la route.

Riders on the storm

Lundi 23 juillet, 15h

Les choses étaient pourtant claires en quittant Lyon. Le temps n'était pas de la partie et les kilomètres à accomplir avant de trouver un coin pour planter la tente ne s'annonçaient pas aussi tranquilles que le long de l'autoroute de Bourgogne. Ce qui n'avait pas empêché la prise de bonnes résolutions après un début d'après-midi farniente auquel il fallait se tenir...


Mais l'incroyable torrent de pluie qui s'abat sur notre pare-brise rend l'avancée tendue, et nos organismes un peu engourdis nous confirment que la digestion n'est pas finie. Résultat accablant quelques kilomètres plus tard...


Qu'importe le mal de ventre, la mollesse, le temps peu prometteur, il faut repartir, et trouver absolument un coin où dormir le plus près possible de Méribel, au plus loin que la fatigue du chauffeur nous permettra d'aller.

Première approche

Lundi 23 juillet, 19h...

Le C15 vaillant a fini par avaler les kilomètres, le ventre s'est dénoué, l'appétit est revenu, et on se surprend même à croire que la météo va être des notres. Bourgoin-Jallieu, Chambéry, Albertville, Moûtiers, Méribel. Le plus haut possible, le plus loin possible. D'abord, parce que le départ se fait forcément de là-bas. Ensuite parce qu'on n'a pas le choix et qu'il faut se rendre à l'évidence: les campeurs ne sont pas les touristes de base ici. Sont-ils seulement les bienvenus? Pas un camping! Un hôtel dans chacun des villages jusqu'à Méribel depuis Moûtiers. Des altiports, des héliports, des offices de tourisme en pagaille, des chalets flambant neufs, pas un centimètre de rouille ou de peinture délavée, des parkings en nombre, des superettes, tout ce qu'il faut... mais pas le moindre camping!

Loin de nous, du reste, la volonté d'aller s'y embourgeoiser. Mais la question est de savoir si du camping sauvage est possible là où le camping tout court n'existe même pas. Un habitant du coin tombant sur nous comprendrait-il la nature de notre démarche? Ou bien, effrayé, s'en irait-il chercher les képis pour signaler une de ces présences non-expliquées qui peuvent se produire un peu partout dans l'univers?


De toutes façons, qu'importe! Nous voila au bout de la route, au plus haut de la vallée conquise par la voiture domestique, Méribel-Mottaret, parking du Plan de Tueda. Le temps ne s'est pas arrangé en dépit de nos espoirs sincères. Si sincères que la menace de la pluie n'y fait rien, un ravitaillement complet dans l'une des nombreuses épiceries du coin et nous sortons tentes et sacs à la recherche du petit coin tranquille pour la nuit.


Premier sentier. Première approche au pied du massif de l'Aiguille du Fruit que nous apercevons au loin. D'abord une montée timide sur le lac de Tueda, trop à découvert après nos craintes concernant le camping ici. Finalement nous rebroussons à peine chemin pour nous enfouir dans le Bois du Creux de l'Ours et y trouver le petit coin qui va bien. Renaud trace à travers la forêt, un peu plus haut que le chemin, et nous trouve un arbre accueillant, assez large pour nous faire oublier la station... et le ciel qui se couvre.


Le temps de manger un peu et la nuit vient vite. Et le sommeil aussi. Mais la pluie les rattrape plus vite encore et rafle la mise. Notre imprudence dans le montage du toît de la tente se fait très vite évidence, alors que l'orage résonne sur les parois des massifs qui nous entourent. Les dégâts sont tout de suite constatables...

Sortie courageuse pour tenter de rétablir un peu la situation et tendre au maximum le toît pour que le moins de contact se fasse avec la tente. Trop tard! L'eau sera le thème de cette première nuit alpine. Et même si elle n'aura pas été aussi pluvieuse qu'envisagée, si le rafistolage de secours a surement aidé, et les dégats assez limités, cette séance d'humidification intense nous (moi particulièrement) refroidit, et l'horizon plombé du petit matin en enlève encore un peu à notre enthousiasme.

Retour à la voiture, nous redescendons humblement sur Moûtiers...


Bonne séance de loose à l'hotel Terminus (dont nous apprendrons après coup qu'il a été le théatre de la conception du petit Schwob-Russel à venir - L'histoire ne dit pas si c'est dans la chambre 22, celle qui nous accueille), où nous goûtons au sens précis et pas toujours perceptible de l'hospitalité savoyarde. Renaud a tout de suite un bon feeling avec la patronne, auprès de laquelle il tente de négocier un tarif VRP. A la télé, pas même une étape du Tour à se farcir, jour de repos pour eux aussi, la loose sera totale devant Derrick. La tente prend son temps pour sécher, nous aussi. Déjeuner viennoiseries dans les rues de Moûtiers, sieste, télé quand même et lecture dans la chambre d'hotel, dîner pizza dans un boui-boui à coté de supporters marseillais. Nuit un peu dégoutés.

Le lendemain ne nous décevra pas...

Mardi 24 juillet, 19h

(re-)Montée

Tout à coup une source pas loin du glacier
Et puis de fleurs sauvages
A se demander vraiment... Harlem?
Tu causes tu causes... Tu crois?
Des fleurs noires de la Débauche ou de l'Anarchie
Non... Des fleurs noires des pierres de l'Amour

Mercredi 25 juillet, 9h30

Le lendemain matin, plus aucun obstacle ne nous empêche la montée vers l'Auguille du Fruit. Le soleil s'est imposé, à peine un ou deux petits mouton-nimbus pour souligner son succès. Retour au parking du Plan de Tueda, bien plus occupé que la veille. Mise en tenue, ravitaillement dans le sac, répartition des poids, coups de fil aux refuges, tout roule.

La montée commence gentiment le long du lac de Tueda (1704 m.), en direction du Vallon du Fruit, en passant par le Chalet du Fruit.


Pas mal de monde, le coin est parcouru par les promeneurs. Peu de randonneurs pour autant, beaucoup de familles. La plupart montent vers le Refuge du Saut, y prendront le déjeuner, mais nous laisseront avant la montée vers le Col de Chanrouge.

Nous passons le Chalet du Plan (1730 m.). La montée commence, moment un peu délicat, le temps de s'habituer au rythme, aux chaussures, à l'air de la montagne, à l'intransigeance du soleil, à la fraicheur filoute de l'ombre des sapins (mélèzes ou épicéas?) du Bois Marin que nous contournons, au vent qui chatouille alors que mon K-way continue de sécher gentiment dans THE hôtel de Moûtiers, constat amer d'un oubli idiot, pendant que nous montons vers le Vallon du Fruit.



L'arrivée sur le Vallon (1998 m.) est la bienvenue. Nous voilà tout à fait au pied de l'Aiguille du Fruit. Nous pouvons nous y projeter avec la satisfaction d'avoir enfin mis pied à l'étrier et l'impresion de n'avoir pas si mal choisi ce petit coin de hasard, au coeur de la Vanoise. La traversée du Vallon est agréable et élégante, avec l'Aiguille sur la gauche...



... et la Crête des Mines sur la droite...


La première marmotte se fait vite remarquer. Pas d'elle-même d'ailleurs... C'est le couple devant nous, arrêté et pointant son objectif photo vers un endroit improbable qui attire notre attention. Il y a fort à parier qu'eux-même tiennent cette marmotte dans leur mirette du groupe précédent. Et voila comment probablement ce specimen a trouvé l'emplacement parfait pour devenir un marmotte très people... ou peut-être est-elle mandatée par la communautée marmotte pour accueillir les promeneurs humains... Toujours est-il qu'elle a droit à tous les flashs!


Les couleurs nous inondent, la lumière est ravissante, le soleil donne et le temps est doux. Les promeneurs sont toujours aussi nombreux autour de nous, pourtant il est facile de sentir que nous avançons vers ce que nous cherchions. Les trésors sont nombreux au coeur de cette nature alpine, mais le plus beau d'entre eux est d'être libres de nous y promener le long de nos envies, au-dela de l'effort. C'est dans ces instants pleins que pourraient s'esquisser les remèdes à l'angoisse. Et pourtant...

Pour une jolie fleur, peut-être...


L'arrivée au Refuge du saut (2100 m.) marque la fin de la traversée du Vallon et le début de la faim dans nos ventres. La pause-déjeuner s'impose d'elle-même, dos au refuge, au pied de la Grosse Tête, face aux Grands Diners. Les promeneurs sont autour de nous et mangent aussi. Toujours pas beaucoup de randonneurs... On approche!




Montée du Chanrouge

Mercredi 25 juillet, 12h45

Les choses sérieuses peuvent enfin commencer. La montée sur le Vallon et ses 300 mètres de dénivelé sonnait bien le début des hostilités... Ce sont cette fois plus de 400 mètres qui nous attendent. Fini le rythme agréable du vallon, c'est à celui d'un col exigeant qu'il faut se caler.


Au pied du Chanrouge, la montagne ne laisse plus de place au hasard. Un dernier regard en direction de l'Aiguille, si majestueuse depuis son versant sud...


... et nous commencons la montée vers Chanrouge, pour redescendre de l'autre coté de l'Aiguille. En dépit du soleil qui tape, nous quittons le Refuge du Saut, et avec lui les promeneurs et les promeneuses, petit soulagement non-négligeable qui nous confirme encore davantage la justesse du choix de notre itinéraire. Devant nous un couple de randonneurs (enfin) que nous rattrapons, qui nous rattraperons. Nous ne sommes plus très nombreux à tenter la montée.


Le pourcentage de la côte ne rigole pas. Mais la majestuosité des paysages nous fait oublier la douleur (et le soleil). Le Ruisseau de Chanrouge a laissé un sillon que nous suivons pour monter.


Les sommets s'écartent, le refuge s'éloigne...



Petite pause sur le Vallon du Chanrouge (2352 m.), le temps de reprendre notre souffle, nos jambes, et un petit Kit-Kat. La saveur de cette journée d'été est irrésistible. Une toute petite euphorie nous prend, le Col est à portée de vue, la montée est plus verdoyante que suffocante, ça sent le tout bon!


La force de ces frontons rocheux et implacables fait de nous de tous petits humains. Renaud me dit combien il a du mal à apprécier les distances en montagne. Tout semble en effet si proche, et pourtant notre matinée de montée nous fait très vite relativiser. Est-ce la franche lumière du soleil qui règne en maitre sur nos hauteurs alpines, l'air pur et l'oxygène raréfié, qui modifie l'appréciation des distances? Ou notre envie nous y perdre, au coeur de cette nature souveraine, d'y courir, d'y perdre haleine, de s'y enfuir, de s'y enfouir, et de s'en impreigner, au plus profond de ce besoin d'horizons libres et de la fougue interminable de cette imagination sans limite où la nature a puisé pour se coucher, se relever, se pencher, s'obliquer, s'imbriquer, se laisser couler ainsi, et passer au-dela de toute forme de multitude, devenir la multitude, dans le ventre de la moindre pierre, dans l'herbe couchée et qui chahute avec le vent, depuis un filet d'eau qui repousse l'improbable jusqu'à nos pas d'humains venus draguer Mother Nature.


Face à nous, la Roche Pellier. Sur notre gauche, l'Aiguille des Corneillets et celle de Chanrossa. Entre eux, le Col Rouge que Renaud se souvient avoir passer avec Alain, Laetitia et Nelly (notamment?). On pense à L.


Nous reprenons la route, le col n'est plus très loin. La fin de la montée se fait tranquille.



Dans la montée, Renaud pense à Bistra en voyant de très belles variétés de fleurs.

Chanrouge et la descente vers le Plan du Pêtre

Mercredi 25 juillet, 14h20

Quelques encablures face aux aiguilles des Corneillets et de Chanrossa depuis le plan de notre pause et nous parvenons au Col de Chanrouge (2531 m.), notre enthousiasme n'a encore rien vu!

Nous débouchons sur la vallée que nos espoirs de Vanoise nous faisons entrevoir. La voila, préservée des regards ou presque, préservée des Hommes ou presque, préservée de tout ce qui finirait par l'atteindre ou presque. Adossés à l'Aiguille de Chanrossa, loin devant nous, le massif du Mont-Blanc. Plus près devant nous, le Roc Merlet, la Montagne de la Grande Val, le ruisseau des Avals et la descente vers le Plan du Pêtre. A gauche, le massif de l'Aiguille du Fruit. Nous y sommes.

Le contemplatif au sommet (des Alpes) de son art.


La Vallée et le massif du Mont-Blanc en gros plan



Posage des sacs, les épaules ont morflé mais pas tant que ça, les bras peut-être un peu plus, à cause du soleil. Posage des fesses, la montée au propre et le paysage au figuré nous ont mis sur le cul. Posage de nos mirettes sur ce paysage qui nous expose son idée de l'immensité, tout est beau, tout est grand, et le massif du Mont-Blanc qui ponctue l'horizon en ajoute au grandiose.

Grignottage, petite respiration, une vraie pause... l'immensité est superbe. Le soleil, le vent, la roche, les éléments nous dépassent. Nous prenons tout cela avec finalement beaucoup de philosophie et d'insouciance. C'est bien pour l'immersion la plus totale que nous avons consacré notre matinée à avaler patiemment 800 mètres de dénivelé depuis le parking, pour bientôt redescendre vers les Lacs Merlets. Y a-t-il finalement plus douce ivresse que celle des hauteurs?

Pendant que je me paie le luxe (ou commets la faute de goût) d'ajouter un peu de musique à l'harmonie des lieux, discrètement dans mes oreilles (Ca fait longtemps que j'n'ai plus vu ce coin d'soleil à l'horizon, Ca fait longtemps que je l'attendais, la p'tite lueur de la raison), Renaud se paie le luxe (ou commet la faute de goût) d'appeler son patron. Les news de Paris sont mitigées, comme on est bien ici!

Le temps passe et celui de commencer la descente arrive. Que du bonheur (expression à la con du moment) en perspective, point fina'na'na'nigne (expression perso à la con du moment). Le massif de l'Aiguille du Fruit sur notre gauche et l'aiguille du Rateau sur notre droite (Voir la carte précédente)


La descente est douce et belle. Il faut dire que les grosses difficultés de la journée sont derrière nous. Satisfaction et soulagement, produits dopants impeccables! Et le promeneur se faisant plus rare, la nature se fait plus généreuse. Des fleurs partout... Des marmottes qui cavalent dans tous les sens... On y est!




Moment de détente, de plaisir, on fait joujou avec l'appareil photo...

Arrivée sur le Lac du Pêtre

Mercredi 25 juillet, 15h56



Le Lac du Pêtre est d'un bleu que l'appareil photo ne saurait rendre, comme la plupart des lacs que nous avons croisé durant notre tour du coin. Peu profond, il tire vite au vert. Parfaitement assorti au ciel et aux alpages, ce lac semble vraiment taillé sur mesure pour nous émerveiller. Nous n'avions pas vraiment prêté attention à sa présence, et de le voir débouler sur nous d'un seul coup! Grande bouffée d'oxygène.


Mais notre route ne nous y mènera pas. D'autres randonneurs (comme quoi, il en existe d'autres que nous...) y sont déja posés et pêchent, ils en ont la primeur, normal! Mais surtout, notre chemin bifurque pour remonter vers les Lacs Merlet et le refuge du même nom.

Un p'tit coup d'oeil derrière, comme pour savourer encore ce délicieux instant de descente vers le beau...